HEPHAISTOS
DPO houses a disability studies centre, the Centre for Hephaistos Research (HRC)


HEPHAISTOS
DPO's disability studies research centre
L’industrialisation de la santé mentale peut être comprise comme le processus par lequel les soins psychiatriques et psychologiques sont standardisés, massifiés et souvent intégrés dans des systèmes économiques ou institutionnels plus larges, comme les industries pharmaceutiques, les hôpitaux privés ou les politiques de santé publique. Ce phénomène s’accompagne parfois de mesures coercitives, c’est-à-dire des interventions imposées aux individus sans leur consentement plein et éclairé, comme l’internement forcé, les traitements médicamenteux obligatoires ou encore la surveillance accrue des comportements jugés "déviants".
Historiquement, les mesures coercitives en santé mentale ont été justifiées par des arguments de protection – protéger l’individu contre lui-même ou la société contre un supposé danger. Avec l’industrialisation, ces pratiques ont pris une nouvelle dimension. Par exemple, la standardisation des diagnostics (via des outils comme le DSM ou la CIM) et la montée en puissance des traitements pharmacologiques ont pu faciliter l’application de mesures coercitives en réduisant la prise en charge à des protocoles uniformes, parfois au détriment d’approches plus individualisées ou consensuelles. Les antipsychotiques ou les anxiolytiques, produits à grande échelle, sont parfois imposés dans des contextes où le temps et les ressources pour des thérapies alternatives manquent.
Aujourd’hui, en 2025, cette industrialisation s’est encore accélérée avec la numérisation : applications de suivi de la santé mentale, algorithmes prédictifs pour identifier les "risques" de troubles, et même interventions légales basées sur des données collectées à l’insu des patients. Cela soulève des questions éthiques majeures : jusqu’où la société peut-elle imposer des soins sous prétexte d’efficacité ou de sécurité ? Les critiques, notamment des associations de patients et des penseurs libertariens, dénoncent une dérive vers une "médicalisation de la dissidence", où les comportements non conformes sont pathologisés et réprimés.
D’un autre côté, les défenseurs de certaines mesures coercitives arguent qu’elles restent nécessaires dans des cas extrêmes – par exemple, pour des personnes en crise aiguë incapables de décider par elles-mêmes. Mais la frontière entre protection et contrôle reste floue, surtout quand les intérêts économiques (laboratoires, assurances) influencent les décisions.
Pour le premier numéro de la revue Hephaistos, nous attendons les porpositions selon les trois axes suivants :
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les pratiques de soin en psychiatrie selon les recommandations de l’HAS, selon les pratiques observables, la situation des contentions et des pratiques coercitives en milieu psychiatrique.
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la notion de “cérébrologie” ou la tendance au réductionnisme neurologique de la soufrrance psychologique.
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la prise en charge de la souffrance psychologique aujourd’hui, état des lieux, voies d’avenir face à l’IA, retour de thérapies institutionnelles.
Appel à communication : 2 avril 2025
Jusqu’au 2 juin 2025 : nous recevrons des propositions d’environ 250 mots, avec une bibliographie et une biographie du ou des auteur.e.s.
Les propositions sélectionnées : le 5 juillet 2025
Contributions attendues au plus tard le : 7 septembre
Ces contributions devront comporter 10000 à 13000 signes.